Créé en 2015 par Amaury Mulliez, AM Art Films a pour vocation de promouvoir les artistes d’aujourd’hui à l’œuvre. Au gré de la vie et de ses rencontres, cet amateur d’art instinctif a choisi d’apporter son soutien discret aux artistes. Au-delà de la collection, conscient de la valeur du travail et du rôle de l’artiste, ce mécène produit des films qui décryptent le cheminement d’une idée jusqu’à sa matérialisation.
AM Art Films propose à ses amis artistes et réalisateurs de collaborer autour de films qui restituent leur atmosphère de création. Acteur engagé du monde de l’art, AM Art Films favorise l’échange et le dialogue au sein de son réseau pour partager ces œuvres avec un large public. AM Art Films diffuse ces films au rythme du travail des artistes.
« Je ne regarderai plus jamais les cailloux de la même façon. J’ai pensé que j’aimerais bien être un artiste », Bouba, 10 ans.
Au commencement d’AM Art est le verbe « collectionner » conjugué par Amaury Mulliez, amateur d’art instinctif désireux de partager sa passion pour donner la possibilité aux autres de rêver et de vibrer à leur tour, notamment les enfants de milieux défavorisés. Amaury Mulliez cultive aussi l’art de collectionner pour permettre aux artistes de créer et de continuer à transmettre leurs singulières et bouleversantes visions du monde. Accompagner les plasticiens de la scène française et européenne d’une part, donner aux jeunes qui n’ont pas accès à l’art et à la culture les moyens de rencontrer ces artistes en chair et en os et leurs œuvres, d’autre part, voici les deux visions originelles de ce modèle de mécénat discret qui s’invente au fur et à mesure, en tâtonnant, comme dans tout laboratoire expérimental. « Le bruit ne fait pas de bien, aime à rappeler Amaury Mulliez, le bien ne fait pas de bruit. »
Malgré un contexte juridique, technique et financier français complexe, Amaury Mulliez, entrepreneur engagé, élabore ainsi avec son équipe une réflexion sur les différentes étapes d’un cercle vertueux. Tout d’abord, la production par Am Art Films d’un « Tandem », film de six à huit minutes sur l’œuvre d’un artiste de la collection. Un oFni, _Objet Filmique Non Identifié_, carte blanche née de l’alchimie entre ce plasticien et un réalisateur, restituant une relation humaine de qualité, l’atmosphère d’une création et une écriture filmique originale. Une aventure humaine qui se prolonge par une projection-rencontre autour de ce « Tandem » dans une classe en réseau prioritaire d’éducation, en présence de l’artiste et du réalisateur pour qu’un lien se tisse avec les jeunes.
L’atelier de création qui s’en suit vibre ainsi chaque fois d’expériences ludiques et de prises de conscience, d’échanges stimulants et d’émotions partagées, dont témoignent les courts métrages documentaires réalisés chaque fois dans le cadre de cet « Art à l’École » et mis en ligne gratuitement sur le site du fonds de dotation créé pour mener ces actions. « C’est rare et important de rencontrer un artiste qui pense différemment, ça montre que le monde est grand et qu’il y a plein de choses intéressantes qu’on ne connaît pas. C’est bien, ça veut dire qu’on peut changer », s’émerveille un adolescent du collège Robert Desnos d’Orly au cours de sa rencontre avec l’artiste Malachi Farrell connu pour ses œuvres engagées. Tandis que Nadia, 13 ans, déclare : « J’ai compris que pour changer le monde, ce n’est pas la peine d’être président de la République ! » Et Amaury Mulliez de se réjouir : « Ce que je veux, c’est faire jaillir des Étincelles dans les Yeux des Enfants ! ». C’est ainsi qu’est né l’idée d’EYE Art Foundation, un fonds de dotation chargé de fournir les moyens nécessaires à ces fertiles collaborations avec les enseignants.
L’aventure ne s’arrête pas là et les jeunes sont ensuite invités à visiter avec les artistes, _et en fonction du projet pédagogique_, un atelier, une exposition ou un lieu plus insolite proposé par l’artiste. « Mais l’idée est d’aller plus loin et de leur permettre de découvrir les différents métiers de l’art : un fondeur, un tireur, un encadreur, un assureur, un accrocheur, un graphiste, un éditeur…, autant d’opportunités pour chacun de s’ouvrir aux métiers connexes de la création artistique », insiste Delphine Perru qui aimerait aussi à terme « pouvoir permettre aux jeunes de 3e de faire un stage avec l’une de ces personnes ». Delphine Perru, historienne de l’art et conseillère, accompagne ce collectionneur instinctif et généreux depuis plus de 10 ans tout comme Pascale Diez, réalisatrice et enseignante de cinéma, facilitatrice des rencontres entre les artistes et les écoles pour EYE Art Foundation. « Echanger avec des personnes qui ont dédié leur vie à une pratique artistique ouvre des horizons et des perspectives dont j’ai pu mesurer l’impact, raconte Pascale Diez. Pour un jeune, rencontrer un artiste contemporain de renom est une expérience inoubliable surtout si l’on est peu habitué à fréquenter l’art et ses acteurs ». C’est ainsi que semble le percevoir en tout cas Gloria, 6 ans, lorsqu’elle s’exclame : « L’art, ça sert à faire grandir les enfants ».
Depuis la genèse du projet en 2016 Delphine participe à sa réflexion : « Je veux soutenir Amaury au mieux pour mener à bien ces projets. Je connais bien les difficultés financières de la majorité des artistes et les différents dispositifs que nous mettons en place répondent à un vrai besoin de réinvention du financement de la production des œuvres artistiques. » Tamsin Genillier, productrice audiovisuelle, les rejoint en 2017. Elle s’est totalement impliquée dans cette aventure, séduite par « la dimension esthétique et éthique de ce qui est entrepris ». Sensible à la cohérence du sens et de la forme, depuis plusieurs années ses choix s'orientent vers des actions concrètes qui offrent des opportunités de changement, comme en 2009 lorsqu’elle collabore à un sommet international, WISE Qatar Foundation, consacré à l’innovation dans l’éducation. « Avec ce nouveau projet, je retrouve des enjeux artistiques et sociaux et cela me motive car on est loin des contraintes éditoriales et du formatage pesants de la télévision, commente-t-elle. D’ailleurs, à part la chaîne thématique Museum TV, les chaînes généralistes ne veulent pas diffuser nos films, trop atypiques ! Cependant, nous commençons à nous faire connaître dans des festivals de films sur l’art et c’est un autre moyen d’accéder à un large public. D’autant que nous avons choisi de diffuser nos films gratuitement sur nos sites internet. ».
Achat de pièces pour la collection, production de films, plateformes de diffusion (www.amartfilms.com et www.eyeartdotation.org), mais encore coproduction d’œuvres avec les galeries, résidences d’artistes, présence dans les festivals de films…, sont autant d’initiatives en faveur de la visibilité des artistes qu’ils soient connus ou non. « Le film réalisé par Sandra Städeli est un outil d’entrée formidable dans mon travail car personne en général n’assiste à mes prises de vue, confirme l’artiste Corinne Mercadier. Un outil que j’ai toujours sous la main, qui me sert énormément dans les expositions ou lors de débats. Un format court, pas encombrant pour le public, y compris pour les élèves avec lesquels nous avons partagé un atelier. C’est un cadeau d’exception pour un artiste. »
Qualité et liberté de création, voici les principales valeurs de l’art que ce mécène entend faire fructifier pour éviter le « danger d’orienter la production des artistes » rappelle Delphine et pour favoriser le développement d’une dimension créative dans la réalisation des films. Expérience et transmission, plaisir et convivialité, confiance et bienveillance sont d’autres valeurs autour desquelles se vivent avec les artistes comme avec les enfants, ces différentes expériences. S’adaptant au fur et à mesure des besoins qui surgissent, Amaury Mulliez et son équipe sont toujours prêts à se réinventer pour qu’AM Art reste producteur de films de qualité sur l’art et trouve à terme un modèle économique vertueux et responsable.
Puissent-ils trouver la solution pour rendre pérenne cet écosystème art-éducation, que tous les acteurs en vivent et que plus de jeunes vibrent et élargissent leur horizon grâce à l’art. Comme cet enfant d’une école de Noisiel impressionné par sa rencontre avec l’artiste Éric Michel et le réalisateur Stanislav Valade et par la considération qu’ils lui ont témoigné : « Peut être que moi aussi, comme Eric, je peux aller jusqu’au bout de mes rêves. »
Armelle Canitrot
Critique d’art
Armelle Canitrot est critique photographique et a dirigé le service photo du quotidien La Croix de 1985 à 2018. De 2000 à 2001, elle a été rédactrice en chef du magazine Pour voir. Elle est l’auteur de textes de divers ouvrages d’artistes : Le Témoin, Gilbert Garcin, 2005 ; Harkis à Vie ?, Julien Chapsal, 2006 ; Vis-à-Vis Miramas, Catherine Poncin, 2006 ; Corinne Mercadier, 2007 (Filigranes Editions) ; Du loukoum au béton, Frances Dal Chele, 2012 (Trans Photographic Press) ; Secret River, John Davies, 2013 (Loco Editions) ; 4234 Miles, Georges Rousse, 2014 (Actes Sud).
Co-commissaire et co-directrice, avec Manuel Bidermanas, du catalogue de l’exposition itinérante Izis, Paris des Rêves. (Editions Flammarion, 2009, Creviis, 2012, Alinari, 2014).
L'équipe AM Art Films
Producteur, collectionneur et mécène
Emmanuelle Cazalis
Juriste
Tamsin Genillier Moufflet
Productrice audiovisuelle
Delphine Perru
Historienne de l’art et conseillère en art contemporain
Ouassila Guernouti
Chargée de production audiovisuelle